Merveilles du monde animal, ou pas. Foutoir bonux.
L’ONK frappe un grand coup : 4 merveilles
pour le prix d’une !
pour le prix d’une !
D’abord, on voulait écrire quelque chose sur l’Oeuf. Avec un grand O.
Sa splendeur indépassable. Son insertion durable dans le quotidien des fiers à bras de l’ONK (c’est bien simple, on ne mange que ça). Son inscription dans l’histoire et sa découverte de l’Amérique avec son pote Christophe C. Sa débonnaire rondeur de bon aloi.
C’eut été approprié, en ces périodes de débauche culinaire. C’eut été un message fort envoyé aux grasses agapes suintant dans l’air du temps. Genre : « point ne sombrons dans votre invitation à la démesure festive. Nous, Gandhis postmodernes de l'ONK, nous contentons de peu. »
L'Oeuf ? Une modestie frôlant la perfection. Un appel aux armes par la frugalité. Nous revenait aussi en mémoire ce bouquin de Paul Auster, Moon Palace, où le héros désargenté survivait toute une année en ingérant ses deux œufs quotidiens. On aurait pu faire quelque chose avec ça, donner au sujet une tonalité plus intellectuelle. Même si Paul Auster reste Paul Auster (« trop propre et lisse pour être honnête, ce petiot », dixit ma tante Adélaïde).
Nous aurions pu aborder, avec une admiration non dissimulée, le travail essentiel et trop méconnu des héros du Comité National pour la Promotion de l’œuf *. Leur lutte pour sauver l’œuf, leur panache. Ce qu’ils nous apprirent sur les merveilles du genre ovipare : « Le plus gros oeuf de France, pondu par une poule du Pas de calais en 1994, pesait 202g. » Ou sur l’inscription durable de l’œuf dans le panthéon littéraire universel. Citons Horace et son Eloge de la frugalité, expliquant : « Les œufs de forme allongée ont une saveur meilleure, un blanc plus blanc que les ronds. Souviens-toi que c’est ceux-là qu’il faut servir, car leur coque renferme un jaune mâle. » (nous n’oublierons pas, promis)
Il y avait tant à dire sur la question. Sur la lutte épique menée pour la sauvegarde de l’épure en cuisine, contre tous les tenants du tarabiscoté culinaire. Et d’autres chevaliers ès casseroles, tel Jean Pierre Koffe, nous eussent sûrement encouragé. Ca aurait eu de la gueule, comme croisade.
Mais on craignait de s’embarquer sur un sujet qu’on ne maîtrisait pas assez.
Il valait mieux laisser ça aux professionnels de l’œuf et aux héros du CNPO (Je le répète, chapeau bas, les mecs. Votre combat est juste, votre cause est noble).
Du coup, on était bien embêté. Il nous fallait trouver autre chose.
Il y avait bien cette nouvelle récemment tombée dans l’escarcelle de l’ONK : les écoles du comté de Seminole, fief ricain n’ayant peur de rien, viennent de remplacer les traditionnels bons points et images distribués aux bons élèves, par des bons donnant droit à un repas complet chez Mac Do. Transformer tous les petits boutonneux à lunettes du premier rang en obèses grassouillets, voilà qui nous semblait réjouissant en cette fin d’année morose. Ces admirables ricains ont toujours une longueur d’avance sur nous…
Et puis l’impudence absolue des directeurs marketings de Mc Do nous semblait assez soufflante : «McDonald's ne fait pas de publicité dans les écoles. Il s'agit là d'un programme local pour promouvoir l'excellence académique et récompenser la réussite scolaire.» (William Whitman, porte parole de la firme). Du grand art. **
Mais développer le sujet nous barbait un peu. Il eut fallu chercher des infos, déterrer la hache de guerre avec nos frères d’outre-atlantique, déléguer quelques reporters sur les lieux alors que nos finances ne sont pas au top (pourquoi vous croyez qu’on bouffe que des œufs ? Pour le goût ?).
Trop compliqué.
Puis on est tombé sur ce sketch.
Cadeau bonus Bourvil
Cadeau bonus Bourvil
Et tout s’est éclairé. Exactement ce qu’on voulait. Léger et tordant. Subtil. Simple comme bonjour. Suffisait de rajouter 3 lignes à la con, genre « on n’a jamais fait mieux, c’est indéniable… le temps glorieux de l’ORTF … on échangerait pas cent trillions de tonneaux de Bigard ou Dubosc contre un tonneau de Bourvil … ».
Ou alors de déblatérer sur sa figure rubiconde comme personnification d’une époque révolue ou les vrais mecs s’appelaient Lino Ventura et où les épouses de présidente, Yvonne en tête, restaient à la maison à tricoter des pyjamas à l’élue de leur cœur.
Emballé, c’était pesé.
Mais non. A l’heure de bouclage, notre tâche accomplie, fiers de notre travail et de la statue journalistique érigée à l’admirable Bourvil, les télex se mirent à crépiter dans la salle de rédaction. Et la nouvelle ne tarda pas à se répandre : il y avait une vidéo qui explosait sur le web, petit bijou d’humour à l’approche indépassable. Nous visionnâmes la chose, détournement débile d’un clip vieillot de Michael Jackson.
Cadeau bonus Jackson
Cadeau bonus Jackson
(Ca claque, hein ? Y’a des types, quand même, ils perdent pas leur temps à des conneries…)
Et convinrent unanimement que nous ne pouvions passer à côté d’une actualité aussi brûlante et percutante. C’eût été perdre notre statut de défricheurs sans foi ni loi.
Il était tard. L’ambiance était poisseuse. On en pouvait plus. Une secrétaire s’est mise à pleurer convulsivement. Il a fallu la faire emmener. Les mines s’allongeaient.
Alors, on a pas chipoté. On a tout mis ensemble, rafistolé ça comme on pouvait. Et on l’a balancé tel quel.
Indigeste, peut être, mais copieux.
Comme un repas de réveillon merdique, quoi. Adapté.
* http://www.oeufs-asso.com/
** http://consottisier.blogs.liberation.fr/marie_dominique_arrighi/2007/12/de-bonnes-notes.html
Ps : pour les illustrations, se plaindre au service maquette. La consigne était : " trouvez quelque chose de subtil et léger, festif et épuré. On a un problème de lourdeur, côté texte, on craint l'indigestion. Evitez de surcharger avec des illus. gueulardes". Il semblerait que l'on n'ait pas été écouté...
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Ps : pour les illustrations, se plaindre au service maquette. La consigne était : " trouvez quelque chose de subtil et léger, festif et épuré. On a un problème de lourdeur, côté texte, on craint l'indigestion. Evitez de surcharger avec des illus. gueulardes". Il semblerait que l'on n'ait pas été écouté...
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