Un vaudeville bien de chez nous, observé loin de chez nous.
Carla Bruni ? Non, Carla Rougit. De colère.
(Janus Lumignon, La France vue du fiel ;
365 jeux de mots pourris pour 2008.)
Je veux avoir un homme qui a le pouvoir nucléaire.
(Carla Bruni)
On s’était juré de ne plus en parler. De laisser ça derrière nous, comme un passé peu reluisant qu’on voudrait oublier. Trop glauque, trop nul. Fangeux.
D’ailleurs, c’est un peu pour ça qu’on est parti. Qu’on a placé une mer (même petite) de distance entre le fou dangereux aux commandes hexagonales et notre propre peau, salement allergique à son populisme de très bas étage. On est en convalescence, en quelque sorte, Lumignon et moi. On reprend des forces, loin de la Sodome et Gomorrhe liberticide qui a pris ses aises chez nous.
Mais voilà, hier, on a rechuté. Trop dur de tenir le coup, de faire comme si rien ne se passait en (F)rance. Surtout avec Internet. Trop de questions nous tarabustaient : est-ce que cette inique loi sur le « délit de vagabondage », celle qui nous ramenait directos 150 ans en arrière, était passée ? Est-ce qu’on avait déclaré la guerre à l’Iran ? A la Turquie ? Est-ce qu’on avait envoyé la troisième armée dans les banlieues ? On y tenait plus, il fallait qu’on sache. Alors, mine de rien, comme un tox repiquant au truc, un peu honteux, on a tapé « Sarkozy » sur Google actualités. Juste pour avoir les dernières nouvelles, pour humer l’atmosphère.
Et…
On ne l'a pas regretté : qu’est ce qu’on s'est marrés...
D'un rire mesquin et gras, vengeur. Sans scrupules. Tonitruant.
Un rire qui s'est éternisé dans les grandes largeurs. Et nous a fait un bien fou.
C’est que, avec ce SMS psychopathe (« si tu reviens, j’annule tout ») envoyé à son ex femme une semaine avant de se remarier avec la vamp italienne croqueuse d’hommes, le président que le monde nous envie (quand le monde veut se fendre la gueule) a dépassé les bornes en matière scénaristique, a explosé tous les « Dallas », « La croisière s’amuse » et « Hartley cœur à vif » du monde, même réunis.
On croyait avoir atteint certaines limites dans le mélo cheap et l'imagerie « papier glacée » la plus naze, de celle qui fait vendre du Closer et du Paris-Match à pleines brassées. Mais là, quand même, le bougre élyséen fait très fort. Mieux que Loanna.
Ce serait un pote ou quelqu’un qu’on aime bien, on aurait vraiment pitié pour lui. Avec tristesse, on se dirait qu’il est juste bon pour la poubelle. Périmé.
Mais là, ce qu’on se bidonne...
D'ailleurs je suis sur qu’on est pas les seuls. Qu'on est des millions à suivre avec une délectation perverse le minable feuilleton en train de se jouer. Et que, si ceux qui le huaient se marrent, ceux qui le suivaient aveuglément finissent par se poser des questions. Même Madame Michu, celle qui vit sous perfusion TF1/Le droit de Savoir/Jean Pierre Pernaut et n'aime pas trop ce qui n'est pas blanc ou ce qui est jeune, et bien, même elle commence surement à regarder d'un autre oeil les pitreries médiatico/sentimentales de notre dangereux pantin à talonettes.
Grâce en soit rendue à celle qu'on a toujours détesté, mais qui à force d'envoyer bouler notre présiment et de le trahir dans les grandes largeurs (qui d'autre qu'elle pour divulguer le contenu du message en question ?) va finir par gagner notre estime. Bravo Cécilia ! *
* Mazette, si on m'avait dit qu'un jour j'écrirais ça...
En passant, je profite de ce compliment inattendu pour en remettre une couche dans l'incongru et souhaiter d'avance à Carla une bonne St Valentin, romantique et tout. Hin hin.
Pas besoin de communiqué, tous ces cons, j’en ai rien à foutre !
Sarkozy à sa conseillère en communication (Catherine Pégard) le jour de son mariage.
Post-scriptum (après coup) :
Fidèles à notre inflexible objectivité (prendre à défaut l’ONK ? impossible…), nous sommes obligés de mettre un léger bémol à ce billet. C’est que l’élément déclencheur de cet article (ce SMS envoyé par notre J.R. de président à sa Sue Ellen enfuie) reste sujet a caution. Les informations de Bakchich (voir article ici) nous semblant généralement plus crédibles que celles du nouvel obs, nous sommes obligé de faire un tantinet machine arrière sur ce sujet. Ceci dit, ça ne change pas grand-chose au fond du problème, à savoir la grande pantalonnade présidentielle se jouant chaque jour à la une des médias et la minable sitcom bas de gamme qui nous tient lieu de débat politique.