Socrate, Montesquieu, Rousseau & co, revenez vite, il est en train de tout saloper votre bel idéal avec ses potes, je vous dis même pas
La démocratie passe l’arme à gauche ; pourvu que
cette dernière en fasse bon usage…
cette dernière en fasse bon usage…
(David, La mort de Socrate)
La démocratie c'est pas : « 5 minutes pour les juifs et 5 minutes pour les nazis » ; la démocratie c'est : « on vire les nazis, et après on peut discuter ».
(Jean-Luc Godard)
(Jean-Luc Godard)
Ici, à l’ONK, on n’aime pas vraiment se mêler de politique. Trop compliqué, trop tentaculaire. Bourré de chausse-trappes et de pièges rhétoriques. Pas notre came, quoi. Janus Lumignon nous le disait encore hier, en guise de conclusion de son discours au banquet annuel des amis du kitsch organisé pour l’occasion dans les jardins de Buckingham Palace (petites pépées, têtes couronnées, montagnes de coke et tapenades de homard à volonté ; très réussi, merci…) : « survoler tout ça d’un air dédaigneux mais sans s’y impliquer, voilà la recette. Point ne voulons nous retrouver du cambouis plein les mains, du sophisme plein la bouche et des brouettes de réflexions soporifiques renversées sur nos parterres intellectuels. La politique est affaire de cloportes, qu’on se le tienne pour dit. Nous, têtes pensantes de l’Observatoire, œuvrons dans une dimension autrement plus respectable ! »
Certes, nous avions bien appelé à la révolution par le kitsch il y a quelques semaines, mais comme personne n’avait suivi notre appel, on avait définitivement enterré la chose. Puisque les gens n’étaient pas sensibles à nos arguments, pourtant implacables, alors…
Mais voilà, comme le petit excité qui nous tient lieu de président n’arrête pas de faire des siennes, de gesticuler idéologiquement dans toutes les directions (pourvu qu'elles soient nauséabondes), telle une girouette un jour de tornade, il nous faut derechef, le cœur lourd et l’esprit pataud, nous pencher sur la question.
C’est que, pour tout vous dire, il semble bien que les dernières convulsions politiciennes de l’hideux précité ne soient pas loin de marquer l’arrêt de mort définitif de ce qui déjà frôlait le coma clinique, clapotait dans des eaux salement fangeuses : l’idéal démocratique. Tout poussiéreux qu’il en est devenu, le pauvre, baignant dans la naphtaline. Kitsch au possible, quoi.
En moins d’un an exercice, l’hystérique de service aux manières de voyou parvenu a enfoncé ses talonnettes de manière répétée autant que névrotique dans ce qui nous restait de croyance dans la démocratie. Postillonnant ses nouvelles mesures scélérates à la vitesse d’un Texan forant des puits de pétrole, son excellence championne du "limit nervous breakdown"* n’a eu de cesse de nous faire abdiquer nos dernières illusions en la matière.
On ne va pas s’attarder sur la question, sur les derniers et déplorables méfaits de l'homme aux rats (cf. Alain badiou et De quoi Sarkozy est-il le nom?), ils sont nombreux à faire ça beaucoup mieux que nous (le libertaire Charançon – ici – ou l’indispensable Sébastien Fontenelle – ici –, par exemple). Mais reste que, sous couvert d’efficacité et de « soyons dans l’air du temps, bordel, on va pas se laisser arrêter par des principes, non? », le petit misérable a tout dézingué. Et nos dernières illusions avec.
Nous, naïfs qu’on était, on se croyait encore au temps de l’utopie démocratique. On se voyait en dignes descendants des premiers démocrates grecques, gambadant joyeusement dans l'Agora et votant dignement pour un avenir meilleur, avec bien sûr nos petits travers (eux avaient les esclaves et l’exclusion des femmes du scrutin, nous de vieilles badernes politicardes rancies au possible). Ca faisait partie du jeu. On y croyait encore un peu, tout bêtement. Et puis, il faut dire, on nous avait bourré le crâne avec ça tant de fois, que ça ne se discutait pas.
Tenez, Montesquieu, par exemple : pas grand-chose de plus chiant à lire que De l’Esprit des lois, non ? Et bien on se l’était farci en entier, puisque le principe de séparation des pouvoirs y puisait en grande partie sa source. On voulait être aware politiquement, quoi, à la Van Damme. Savoir ce qui nous guidait, les principes fondamentaux qui nous gouvernaient. Maintenant que c’est lettre morte, que le pouvoir judiciaire se doit d'être subordonné au pouvoir exécutif (ou dit plus simplement, au bon vouloir du petit Tsar et de ses serviles affidés), il va falloir trouver autre chose.
Pareil pour les référendums. Tout benoitement, on croyait que ça servait à collectivement donner son avis sur quelque chose, quitte à refuser une évolution de société. Comme il semble que ce ne soit pas le cas (Cf. référendum européen et traité de Lisbonne), il faut bien qu’on se décide à entériner la chose : les référendums, ce n'est pas pour donner la parole au peuple, c'est pour plébisciter une politique. Si il y a des gens assez benêts pour refuser le plébiscite, il suffit de passer outre. Pas con...
Et pour le reste, pour tout ce qu’on attachait comme valeurs un tantinet humanistes au système républicain, le régime a tellement dérivé vers l’abjection la plus totale (on va pas lister, on y serait encore demain***) qu'on a de plus en plus de mal à le distinguer des pages les plus noires de notre histoire contemporaines. L'humanisme, la tolérance, la fraternité, toutes ces fadaises c'est has been, c'est tout, kitsch. Coquecigrues et balivernes, tout ça, terriblement Old-fashionned. Comme la démocratie, d'ailleurs. Ce n'est plus dans l'air du temps, il faut s'y faire.
Et donc, l'ONK prend note. Puisque la démocratie est devenue un genre de tapis miteux sur lequel nos têtes dirigeantes essuient leurs pieds, il ne nous reste plus grand-chose comme option, à part nous rallier au dernier idéal qui ne nous dégoute point. Et tant pis si lui aussi colporte sa dose de kitsch. Au moins il a de la gueule :
Et donc, l'ONK prend note. Puisque la démocratie est devenue un genre de tapis miteux sur lequel nos têtes dirigeantes essuient leurs pieds, il ne nous reste plus grand-chose comme option, à part nous rallier au dernier idéal qui ne nous dégoute point. Et tant pis si lui aussi colporte sa dose de kitsch. Au moins il a de la gueule :
Ps : Avant l’anarchisme, on avait pensé se rallier à la LCR, on se disait "le trotskysme, pourquoi pas?", mais comme on aime beaucoup le ski, on préfère pas :
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* On voulait ironiser sur les derniers dérapages du petit caïd aux manières de pitbull risible et au language de concierge aviné, et puis, non, en fait. C'est trop facile, on ne frappe pas un homme à terre. C'est le même principe qui nous interdit de faire un article sur Britney Spears. De là à considérer que les deux en sont arrivés à un même point de déchéance, on hésite. A notre humble avis, c'est une simple question de temps...
** Skalpa, je me suis permis de te piquer cette illus, n’ai pas pu résister, elle me fait trop rire...
*** Un article récent du contre-journal nous semble cependant représentatif de la vilenie absolue du pouvoir en place, en tout cas concernant l'immigration. Filez vite le lire ici.
La démocratie, c'est le pouvoir donné aux poux de manger les lions.
(georges Clémenceau)
(georges Clémenceau)